Chrono Trigger DS

Console: SNES, DS, PS1
Edité par: Koch Media
Développé par: Square Enix
Genre: RPG
Multi: 1 joueur, mode wifi
Sortie en France: 6 février 2009
Sortie aux USA: 25 novembre 2008
Sortie au Japon: 20 novembre 2008
PEGI: 12+

Celui qui n'a jamais entendu parler de Chrono Trigger peut aller se renseigner immédiatement, ou se taire à jamais. Cette légende du RPG faisait parler d'elle à l'époque de la Super Nintendo, considéré par ailleurs comme étant l'un, voire le meilleur RPG de tous les temps. Si je teste la version DS, penchant plus vers le portage que vers le remake, c'est tout simplement car mes connaissances sont limitées sur la vieille console de Nintendo. Cependant, comment peut se débrouiller cette légende du RPG sur la petite portable de big N ? Le jeu a t'il bien vieilli, ou n'a t'il pas su résister aux affres du temps ? Retour sur l'un des plus grands succès du jeu-vidéo, mais surtout sur l'un des jeux ayant le plus marqués les RPG'istes de son temps. Et on sait déjà que l'on va avoir affaire à du très, très lourd...

Avant de commencer ce test, je tiens à dire que je vais critiquer la version DS, et non la version originale sur SNES. Le contexte fort différent des deux versions, la concurrence différente, et en considérant que la version DS ne reste qu'un portage de la version SNES, il faut bien distinguer les versions. Au départ, Chrono Trigger a connu 3 versions différentes. Celle d'origine, un portage sur PS1, qui a vu l'apparition de cinématiques, et un autre portage sur la Dual Screen de Nintendo, comprenant les cinématiques de la PS1 en plus de quelques bonus. Voyons donc le point qui a peut-être le plus vieilli, à savoir le scénario.

Une quête qui traverse le temps

L'histoire nous plonge dans la peau de Chrono, un jeune adolescent à la coupe improbable qui va très vite faire la connaissance de Marle, une jeune fille pleine de vie, au festival du millénaire. Il se trouve que cette jeune femme est en fait la princesse du royaume, et que sa visite du festival avec Chrono ne se passera pas comme prévu. En effet, voulant tester une machine censée téléporter son occupant, la jeune fille va se retrouver propulsée en arrière dans le temps. N'écoutant que son courage, Chrono partira la sauver dans le même royaume quelques centaines d'années plus tôt. Prélude d'une aventure qui va prendre des proportions beaucoup plus démesurées, Chrono et ses amis finiront par trouver un moyen de voyager entre les époques, rencontrant Ayla, un jeune femme vivant à la préhistoire, ou encore Frog, une grenouille vivant au Moyen-Age. S'en suivra alors une quête visant à sauver le monde de son funeste futur, ou un monstre gigantesque nommé Lavos apportera destruction et désolation sur le monde.

S'il est possible de combattre (vous pouvez toujours essayer) Lavos sans avoir tout fait, le jeu suit tout de même un très gros fil conducteur. Vous voyagerez à travers les époques à chaque fois pour différentes raisons, mais dont la principale reste de trouver un moyen de battre Lavos. Vous irez donc à la préhistoire, au moyen-âge, dans un futur proche ou encore dans un futur apocalyptique. Chaque époque a un design bien distinct et ses personnages. On pourrait presque qualifier la visite d'une époque de 'chapitre', si le jeu ne nous forcait pas à retourner dans une autre époque pendant qu'on en explore une autre. Ce n'est néanmoins pas un défaut. Ce qui marqua plutôt à l'époque, ce sont les scènes et les personnages désormais cultes du jeu, de la SNES à l'époque et de la DS à l'heure actuelle. Frog, la grenouille aux airs de chevalier servant, Robo le ...robot (notez l'inspiration pour les noms au passage) qui ont tout de même des scènes qui les mettent bien en valeur, et sans parler de Magus, qui peut-être qualifié de tout les superlatifs possibles, et qui tient de façon géniale son rôle de méchant/rival et bien plus encore, étant un des personnages ayant le background le plus développé. Le jeu connaît quelques rebondissements qui font que le joueur s'intéresse constamment à l'univers du jeu et surtout à la quête dont il est investi.

Mais c'est malheureusement le point qui a le plus vieilli dans Chrono Trigger. Si à l'époque, le scénario du jeu reste bien supérieur aux ténors du RPG, il est beaucoup plus difficile de le comparer aux jeux DS. Certes c'est un portage me diront la plupart d'entre vous, oui ce serait dénaturer le jeu en modifiant le scénario. Mais n'oublions pas que la DS reste la console ayant le plus de RPG. Il serait donc totalement injuste de ne pas prendre compte la concurrence. Et c'est de là que vient le problème. Que dire face à Radiant Historia, sans doute l'alter-ego de Chrono Trigger au scénario beaucoup plus étoffé ? Que dire face à Valkyrie Profile et The World Ends With You ? Dans une intention certes moins naïve que Secret of Mana, Chrono Trigger rapporte tout de même au début l'histoire d'un jeune homme lambda qui part sauver une jeune fille en détresse pour finir par sauver le monde d'un gros monstre. Je le juge donc en tant qu'égal sur cette console. MAIS ! Les dégâts du temps n'ont pas réussi à effacer les scènes cultes qui rappelleront à jamais la période d'or de la SNES. Ses personnages qu'aucun d'entre nous n'oubliera de sitôt. Tout dépendra du public, celui qui connaît le jeu depuis très longtemps et qui prendra plaisir à le refaire, et celui qui commence avec la DS, et qui sera sceptique face à tous les autres choix plus audacieux niveau scénario.


Le RPG classique par excellence

Le gameplay a quand à lui pas changé d'un iota, si ce n'est qu'on peut désormais jouer au stylet aussi bien qu'avec les boutons, entraînant pourtant des désagréments : la fenêtre des stats va parfois se placer au mauvais endroit, cachant des monstres ou une partie du boss. Pour nos amis qui arrivent je rappelle le principe: Très classique, vous êtes amenés à contrôler jusqu'à 3 personnages. Votre personnage attaque lorsque la jauge que l'on nomme ATB est remplie, et qui se remplit au cours du temps. Une jauge que l'on a pu voir maintes fois dans des jeux comme FF4 ou FF6 par exemple. Vous pouvez attaquer normalement et aussi utiliser des magies. Magies qui s'acquièrent au fur et à mesure que votre personnage monte de niveau. Rien de surprenant la dedans. Mais le jeu contient quelques particularités qu'il serait bon de préciser. Par exemple, les combats ne se déroulent pas dans une autre fenêtre comme dans FF3-4-5-6-7 etc, mais dans l'environnement même. Donc si vous croisez un monstre pendant que vous explorez la zone, vous le combattrez à cet endroit. Cela permet de ne pas couper l'action. Les personnages peuvent également attaquer avec des capacités duo ou trio, qui seront aussi débloquables au fur et à mesure. Les personnages qui y participent consomment tout les 2 tout les 3 leurs barres ATB, mais exécutent de très puissantes capacités qui peuvent se révéler dévastatrices. Une petite pincée de stratégie en plus. Comme dans tout RPG classiques vous trouverez des coffres avec des items, et achèterez vos armes et armures dans les magasins appropriés. Chrono Trigger est donc véritablement un RPG facile à assimiler en plus de n'être pas vraiment prise de tête.

Si le gameplay reste au final très simple, il est très difficile d'y trouver un défaut. Chrono Trigger fait les choses simples, mais il les fait très bien. On pourra juste critiquer le fait que les monstres réapparaissent à chaque fois qu'on change de pièce, le jeu nous forçant parfois à faire des allers-retours, on s'énerve parfois en retombant sur des ennemis qui sont dès fois impossibles à éviter. Mais dans la plupart des cas, on peut éviter les combats si on le désire. Les combats ne prennent pas des heures, donc l'action se fait sans temps-mort. Certains pourront peut-être critiquer un léger aspect répétitif en parlant de la fréquence des combats inévitables, peut-être un chouïa élevée. Un point subjectif que certains critiqueront, d'autres pas. Dans tout les cas, ça nous épargne aussi le levelling, donc tant mieux !


Les meilleurs éléments sont préservés

De retour pour nous jouer le plus merveilleux des tours, Yasunori Mitsuda nous repropose des thèmes composés sous son meilleur jour. Non remixées pour notre plus grand bonheur (portage impose, et puis on garde old school ce qui l'est, m'enfin!), les joueurs retrouveront un des points forts du jeu d'époque, à savoir la bande-son. Paramètrées au milimètre pour respecter l'ambiance de chaque époque, et parfois même pour en sublimer d'autres, les OST marquent l'esprit, je parle évidemment de « Wind Scene » et « Corridors of Time » bien sûr. Le thème du boss final se fait complètement effacer par le thème d'un autre méchant, Magus (perso épique, musique épique, look épique), les thèmes savent passer du comique à l'épique (la scène du tribunal, rappellez-vous!), du triste au maléfique...Bref, une des meilleures OST jamais crée sur SNES, et qui revient pour le plus grand plaisir de nos oreilles sur DS. Une OST intemporelle qui devrait convaincre tout le monde à l'unanimité la plus totale. On note l'absence de doublages (la bonne blague!) qui auraient ruiné toute l'ambiance du jeu selon moi, déjà servie par des musiques de haute volée, décrivant des environnements sans avoir besoin de mots. Encore une fois, même les RPG sur console de salon et sur DS/3DS ont toujours besoin de prendre exemple sur Mitsuda-san.

Très old-school, Chrono Trigger n'en reste pas moins touché par la grâce de ses designers, qui compte même une célébrité parmi leurs rangs, j'ai nommé Akira Toriyama, la personne à l'origine du design de Dragon Ball Z et également des Dragon Quest si cela vous parle plus (bien que ce ne serait pas très logique). Le chara-design très 'manga bien bien japanisé' convient parfaitement aux personnages qui n'en sont que plus marquants et charismatiques. Mais la beauté des graphismes va bien plus loin, sublimant les décors, environnements, et même les maps. On fait ce qu'il y a de mieux en RPG 2D : décors non répétitifs et chargés d'émotions en plus d'être beaux. Les map resteront sans doute plus gravées dans les mémoires, franchement magnifiques (je vais être à court d'adjectifs...). De la SNES à la DS, rien n'a vieilli, et pourtant on sent que quelque chose est différent, sans doute parce que la concurrence use de graphismes plus poussés, mais cela prouve que même plus de moyens ne permettent pas toujours de produire des graphismes intemporels. Comme dit l'autre: Rien ne se perd, tout se transforme. Par contre ça s'ajoute puisque le portage DS a également la chance de posséder les très jolies cinématiques de la version PS1. De quoi enjoliver de longues heures de plaisir.

On passe beaucoup de temps sur Chrono Trigger, mais il faut avouer que même si on le dévore, le soft se finit assez rapidement. Une grosse vingtaine d'heures pour arriver à la fin de la quête principale tout de même. Notons par contre la présence d'un nombre assez conséquent de quêtes annexes, ralongeant la durée de votre aventure, pour trouver les armes et armures les plus puissantes. Il est aussi intéressant de remarquer la possibilité d'accéder à différentes fins. Certaines pouvant s'obtenir en deux coups de cuillère à pot, d'autres demandant de refaire le jeu intégralement. De quoi trouver un prétexte pour voyager dans le temps encore un peu. Par contre, les fonctionalités dites 'onlines' sont très superficielles, voire inutiles. Passez votre chemin. En ce qui concerne la difficulté, il faut voir en Chrono Trigger un jeu relativement facile. Le boss de fin est terriblement décevant de ce point, mais certains boss vous donneront du fil à retordre. Le jeu ne demande pas du tout de faire du levelling en revanche, point appréciable. Ce qui rend le jeu facile, c'est que votre équipe va apprendre des attaques assez abusées au fur et à mesure qu'elle progresse. Si en plus vous mettez les bons persos dans votre équipe, vous êtes capable de battre n'importe quel boss les yeux fermés. Les combats normaux ne vous mettront jamais en danger, si vous connaissez un peu les bases d'un RPG bien sûr. N'allez pas non plus vous précipiter dans la jungle sans avoir aucune potion...Si Chrono Trigger reste un jeu accessible, il pourra encore vous faire quelques surprises.

Atouts : -Un bijou quelque soit la console -Graphismes qui émerveillent toujours autant -Magus, Magus et encore Magus -Chara-design d'Akira Toriyama -Yasunori Mitsuda en forme comme jamais -OST qui transporte -Cinématiques de la version PS1 -LE RPG classique par excellence -Gameplay simple mais efficace -Culte

Points noirs : -Scénario qui a un peu mal vieilli -Souffre de la concurrence sur DS -Monstres qui repopent à chaque changement d'écran -Quelques choix d'affichage pénibles lors des combats -Chrono est presque le personnage le plus effacé au milieu de ce gros casting -Je suis en panne d'arguments 8D

Graphismes : 18/20 : Avec le papa des personnages de Dragon Ball et des Dragon Quest, le character-design ne pouvait qu'être très bon. Excepté pour les plus réticents (je n'adhère pas au design des persos de DQ, et pourtant...), chaque personnage est aisément reconaissable et Akira Toriyama leur a insufflé de la vie. Magus, Frog, Chrono, tant de héros qui resteront gravés dans votre mémoire...Quand aux graphismes, en 2D, même les mots ne suffiraient pas à décrire la splendeur et la magnifiscence de certains mondes. Un œuvre d'art à l'époque, et cela reste valable aujourd'hui. Des améliorations graphiques auraient été un plus appréciable, mais cela aurait affecté le coté old-school du titre. De plus, nous avons de superbes cinématiques héritées de la version PS1.

Gameplay : 17/20 : Très old-school içi également, Chrono Trigger rassemble en une cartouche les bases élémentaires et complètes de la définition d'un RPG. La prise en main est facile et la retouche sur DS permet de choisir entre deux modes de maniement, un exploitant les spécificités de la DS. Si les mécaniques du jeu ont un peu vieilli, il est dommage de voir que certains ennemis impossible à éviter réapparaissent à chaque fois que l'on change de salle, notons aussi quelques désagréments avec le mode classique lors de combats, mais on reste du domaine du détail. Sans cela, Chrono Trigger reste vraiment très agréable à jouer, et surtout pour les nostalgiques de l'époque SNES et des vrais RPG par excellence. Une référence.

Durée de vie : 16/20 : Chose étonnante, Chrono Trigger est un RPG assez court, puisqu'il se finit en une vingtaine d'heures environ. Cependant, pas mal de quêtes annexes intéressantes peuvent s'ajouter à la durée de vie. Enfin, des fins alternatives sont débloquables, mais après, cela dépendra de la motivation des plus acharnés. Le jeu se veut assez équilibré dans sa difficulté, n'étant jamais trop difficile ou facile, un peu plus vers la fin, mais jamais difficile au point de passer des heures entières à faire du levelling.

Bande-son : 18/20 : Pas de remix (cela est préférable, mais les sonorités peuvent paraître dépassées au vu des compositions actuelles), mais les compositions de Yasunori Mistuda sont intemporelles, à commencer par un magnifique thème "Wind scene", sans parler de l'excellentissime thème de Magus, et n'oublions pas 'Corridors of Time'. Une ost toute particulière qui touchera sans doute la petite part de nostalgie qui est en vous. Comme à l'époque, du grand art.

Scénario : 15/20

Difficile de noter objectivement ce critère. D'un coté, en comparant aux productions actuelles et originales, il manque à Chrono Trigger des dialogues en plus, une narration, et une certaine originalité. Peut-être est-ce le seul point criticable de ce portage (car je le considère comme tel). De l'autre coté, l'aventure se veut touchante, épique, et très prenante jusqu'au bout. Epique, grâce à des personnages tels que Frog, l'énormissimme Magus...Et puis, tout les moments de poésies que vous réserve le jeu resteront forcément des instants privilégiés, et mémorables.

Note finale : 17/20

Considéré par certains comme LE meilleur RPG de la SNES , Chrono Trigger ne peut malheureusement pas revendiquer ce titre sur DS. La concurrence, rude, et composé de titres plus originaux et modernes, ravira sans doute ce titre à Chrono. En revanche, il s'agit indubitablement comme l'un des meilleurs RPG de la DS. Son gameplay exemplaire, son design atypique et ses musiques d'anthologie sur SNES lui ont permis de traverser les flots du temps, et ce, à tout jamais. Un jeu C-U-L-T-E !