Peu connu des joueurs occidentaux, la série Fire Emblem existe au Japon depuis 1990. Première grande saga de RPG Tactique du monde vidéoludique, elle s'impose vite comme culte pour la plupart de ceux s'y étant essayé. Mais qu'est un RPG Tactique, ou Tactical RPG, ou encore T-RPG ?
En fait, il existe de nombreuses grandes familles dans le domaine magique et immersif du RPG. Le RPG traditionnel (Final Fantasy, Dragon Quest), l'A-RPG ou Action RPG (Seiken Densetsu, Kingdom Hearts), et le T-RPG (Final Fantasy Tactics, Tactics Ogre), pour les plus représentatives. Ce dossier n'étant pas à proprement parlé un discours exhaustif sur le domaine complexe du RPG Tactique, je vais juste évoquer le principe de base de ce genre de titres. Tout d'abord, contrairement à un Role Playing Game traditionnel, vous ne dirigez pas trois ou quatre personnages simultanément, mais toute une armée. Il convient donc de se pencher énormément sur l'équipement et les capacités de chacun, afin de conserver un groupe stable et cohérent, beaucoup plus que dans un RPG classique. Les combats quant à eux ne se déroulent pas seulement dans un face à face mortel, mais sur un espace prévu pour, sorte d'arène où vos soldats vont devoir évoluer en se focalisant sur les particularités de cette dernière. En effet, les obstacles, et surtout le dénivelé tiennent une grande part dans la stratégie à adopter. Car contrairement à un Star Ocean par exemple, vos avatars se déplacent via un système de cases ou de pas limités, vous obligeant à les placer de manière optimale après chaque action, afin d'éviter la contre-attaque du fourbe adversaire. D'où l'aspect stratégique. Il faut également apprendre à gérer, suivant le jeu, les rapports de force entre les éléments et les différentes armes. Une réfléxion s'avère donc nécessaire avant chaque bataille, au risque de vous faire définitivement éliminer. D'autre part, il demeure plusieurs "courants" au sein même de ce type de RPG bien particulier dont je vous parlerais peut-être dans un probable dossier T-RPG. Pour information, sachez que Fire Emblem se rapproche plus d'Ogre Battle que de Tactics Ogre ou FFT dans le principe. Vous ne vous battez de fait pas dans une zone en 3D isométrique, mais sur la carte du monde. Les affrontements sont alors suggérés par une animation mettant en scène les deux belligérants dans un décor de fond en 2D sans que vous puissiez intervenir. De même, vous incarnez un général, et ne pouvez donc pas participer aux pugilats, vous cantonnant au rôle de stratège, bougeant ses troupes de la façon la plus appropriée.
Créée par Intelligent Vision, la saga Fire Emblem compte pas moins de sept épisodes au Japon, dont le dernier est celui sur lequel nous nous focalisons aujourd'hui. Découlant directement de Famicom Wars, deuxième (si l'on prend en compte Hanjuku Hero de Squaresoft, sorti en 1988, et premier "vrai" RPG Tactique) titre à vocation stratégique de la regrettée NES, Fire Emblem s'inscrit comme une sorte de parent reprenant les principes de base du jeu précédemment cité, en les transposant dans un mode baigné d'Héroic-Fantasy, et en y adjoignant une dimension RPG notable. Voici donc un aperçu de l'épopée chevaleresque qu'est Fire Emblem.
20 avril 1990 : Fire Emblem (Famicom)
Cet épisode nous conte l'histoire de Marth (que l'on retrouve d'ailleurs dans Super Smash Bros Mélée), prince du royaume d'Altea, qui armé de sa Falchion Sword livre une bataille sans merci contre l'infâme Dragon Noir. Le but de chaque chapitre est de parvenir au château gardé par un sbire du second terrifiant adversaire du scénario (que je conserverais secret pour vous laisser le découvrir), en anéantissant les ennemis vous barrant la route. L'originalité de cet opus reposait essentiellement sur le fait que les événements pouvaient se trouver bouleversés suivant les morts survenant au sein de votre armée. Libre à vous de ce fait de construire un groupe fort et équilibré. Vous aviez à disposition différentes classes de personnages (que vous ne pouvez pas changer), bénéficiant chacune d'atouts particuliers. Les zones de combats, restreintes et pour la plupart en ligne droite, provoquent une certaine linéarité. Graphiquement faible, il n'atteint les sommets que grâce à son principe de jeu novateur.
14 mars 1992 : Fire Emblem Gaiden (Famicom)
Reprenant les grandes lignes du précédent en ajoutant tout de même plus d'éléments propres au RPG, cet épisode connaît également un grand succès au Japon. Mettant en scène Alm et Serika, deux jeunes gens prenant les armes pour arrêter une guerre meurtrière entre les royaumes de Riger et de Sofia, Gaiden se voit légèrement rehaussé graphiquement.
21 janvier 1994 : Fire Emblem Monsho No Nazo (Super Famicom)
Fêtant dignement l'arrivée de la Super Famicom, Nintendo, déjà adepte du marketing sauvage, décide de rééditer le tout premier opus dans une version remaniée graphiquement, n'atteignant tout de même pas les RPG les plus fameux de l'époque. Le plus intéressant dans cette fausse suite se trouve être l'adjonction d'un nouveau scénario vous permettant de reprendre un plaisir non feint avec notre ami Marth.
14 mai 1996 : Fire Emblem Seisen No Keifu (Super Famicom)
Enfin d'une qualité graphique de très bonne tenue, cette nouvelle aventure, met en avant deux scénarios à la trame travaillée et propose une durée de vie vraiment conséquente. Le succès qu'il rencontre est considérable, bien plus que les autres versions précédentes. Un des classiques de la Super Famicom.
1997 : BS Fire Emblem Akaneia Senki Hen (Super Famicom Broadcast Satellite)
Sorte d'épisode bonus, ne faisant pas partie à part entière de la série, il n'est pas pris en compte dans le nombre total de jeux disponibles. En fait, celui-ci se trouvait disponible via téléchargement, et exclusivement au Japon. En effet, il existait dans ces contrées un appareil se branchant sous la Super Famicom, et permettant de rapatrier des jeux par le biais des chaînes présentes sur le satellite. Plus des dessins animés interactifs que des RPG à part entière, il y eut quatre titres disponibles, formant un tout, diffusés entre septembre et octobre 1997.
1er septembre 1999 : Fire Emblem Thracia 776 (Super Famicom)
Cet épisode est une "Side Story" de l'opus 4 de la série. Vous permettant de diriger le prince Leaf dans son combat contre une armée cherchant à annexer de plus en plus de territoires. Sublimant l'aventure précédente de par ses graphismes et sa profondeur de jeu, il se place parmi les meilleurs de la saga. Mais il est à noter que commencer par Seisen No Keifu est un plus indéniable pour bien saisir l'ensemble du scénario. Vous aurez sans doute remarqué pour l'anecdote, qu'à cette date la Playstation était déjà maîtresse du marché, ce qui n'a pas empêché Fire Emblem de se vendre mieux que n'importe quel titre de la machine de Sony.
29 mars 2002 : Fire Emblem Fûrin No Ken (GBA)
Premier épisode sur la portable de Nintendo, il ne s'agit pas comme FE Thracia d'une suite directe, mais d'une toute nouvelle épopée. Vous plaçant aux commandes du prince Roy d'Etruria (présent lui aussi dans Super Smash Bros Mélée), il vous incombe de défendre votre royaume, envahi par celui de Bern. Conservant tous les attributs majeurs de la saga, son succès ne dépérit pas.
2003 (Japon) Été 2004 (France) : Fire Emblem Rekka No Ken (GBA)
Vous incarnez dans ce titre tour à tour la jolie Lyn, dernière survivante d'un clan exterminé et cherchant son grand-père, et Eliwood, grand guerrier se trouvant être le père de Roy (voir épisode précédent). Ne changeant pas une recette gagnante, ce titre sera le premier à parvenir dans la froide Europe d'ici les beaux jours. Localisation intéressante, mais également stupide, du fait de la référence faite à l'opus précédent, inconnu chez nous. Nous nous trouvons donc avec un titre de très grande qualité, mais à la portée émotionnelle bien moindre que la version japonaise. Dommage. Une heureuse nouvelle tout de même !
Accueil 
