Une fois n’est pas coutume, les fans de la saga de Level-5 ont dû attendre pendant une interminable année avant de pouvoir mettre la main sur le nouvel opus. De plus, celui-ci a une grande valeur symbolique, puisqu’il va nous permettre de nous immerger dans la deuxième trilogie qui, pour rappel, se déroule quelques années avant la première. Bref, tous ces éléments réunis participent bien évidemment à l’engouement qui se crée autour de
Professeur Layton et l’Appel du Spectre. Mais la question que l’on peut se poser est : permet-il d’introduire la deuxième trilogie en beauté ? Est-ce que cet opus est du même calibre que les trois premiers ou, changement d’époque oblige, la majorité des codes de la série est perdue ? Réponse ici !
Un effroyable spectre menace la ville de Misthallery… Tel est le point de départ du scénario. En effet, comme d’habitude, les péripéties de Layton vont commencer par une lettre qu’il va recevoir. Cette fois-ci, ce n’est pas de la part d’une baronne ou d’un personnage du futur, mais c’est Clark Triton, l’un de ses amis d’université, qui lui écrit un message des plus énigmatiques, dans lequel il fait mention d’un spectre, menaçant le petit village de Misthallery. Vous vous en doutez sûrement, Layton va de suite enfourcher la Laytonmobile afin d’aller aider son ami. En chemin, il va être interpellé par une lady du nom d’Emmy Altava, qui dit avoir été engagée par le doyen Delmona (Qui est le doyen de l’université de Gressenheller, lieu où travaille Layton) afin de devenir l’assistante du professeur. De plus, elle semble le connaître, mais lui ne se souvient pas l’avoir rencontrée auparavant.
Maintenant qu’il est en bonne compagnie, tous deux continuent leur route en direction de Misthallery, dont le maire n’est autre que... Clark Triton lui-même. Cependant, celui-ci ne comprend pas la raison de la venue de Hershel en ce lieu, étant donné qu’il nie avoir écrit la lettre. Cependant, les informations données à l’intérieur de celle-ci sont véridiques. Autre problème troublant Clark est son fils, Luke. Depuis quelques temps, celui-ci vit reclus du monde, étant donné qu’il ne sort plus de sa chambre. Il ne cesse de ressasser des paroles étranges, telles que la fin du monde est proche. Est-ce que le professeur londonien va réussir à démeler ce nœud de mystères ?
Une zone de Misthallery, qui laisse percevoir une certaine béatitude... Vous l’aurez sûrement compris, la majeure partie du jeu se passera à Misthallery. Bien qu’il puisse paraître paisibile, ce village est le théâtre de nombreux événements. Depuis les ravages du spectre sur leurs terres, les habitants sont de plus en plus inquiets concernant leur futur et tous les ragots qui se propagent sont tout de suite pris comme monnaie comptant par la plupart des villageois. Tout ceci explique l’apparition de rumeurs, tels que la présence d’une sorcière.
D’ailleurs, ce village reste dans le genre habituel de la série. Depuis le début, Layton nous habitué à des climats rustiques, avec des zones comme Saint-Mystère, Dropstone ou même la grande mégapole de Londres, qui a une ambiance beaucoup plus campagnarde ici. Tout ceci permet de donner une atmosphère pour le moins relaxante, ce qui change de notre vie citadine de tous les jours.
Pour ce qui est graphismes, il ne faut pas oublier que la Nintendo DS est très faible de ce côté-là. Cependant, au lieu de nous foutre des dessins complètement pixelisés, Level-5 a eu l’excellente idée, et ce depuis le premier opus, de choisir un style graphique, faisant penser à celui de la série
Ace Attorney. En effet, on peut voir de charmants décors en arrière-plan, mais auxquels on ne peut accéder. Pour les déplacements, il faudra donc compter sur l’icône de la petite chaussure, qui se trouve en bas à droite de l’écran. Tout ceci peut paraître assez machinéen, mais au final c’est extrêmement bien ficelé.
De plus, le chara-design présent permet de véritablement donner une identité aux personnages, sans avoir à faire des milliers de clones. Chaque PNJ a une allure différente, qui souvent dépeint fidèlement son caractère (Une femme riche, par exemple, se reconnaîtra facilement, étant donné qu’elle ne se gênera pas à montrer ses hauts moyens financiers à l’aide de bijoux rayonnats, de vêtements hors de prix, ainsi qu’un comportement pour le moins hautain). Tout ceci fait qu’au final on s’attache rapidement aux différents personnages que l’on rencontre, d’autant plus que chacun a un caractère affirmé du début à la fin et que certains pourraient nous donner des informations plus ou moins importantes pour avancer dans l’intrigue.
Voici d’ailleurs quelques PNJ tirés de
l’Appel du Spectre, pour vous donner un avant-goût du chara-design.
Tiens, ce que tu viens de dire me rappelle une énigme… Ce constat est inéluctable : Layton a la manie de se rendre dans des lieux où les habitants sont férus d’énigmes. Les passants ne peuvent s’empêcher de proposer des énigmes au professeur ou à ses compagnons, afin de tester leur matière grise, ou pour résoudre un problème. Ceci est d’ailleurs l’épicentre de la série, puisque c’est le principal élément de gameplay que l’on trouve. D’ailleurs, Level-5 n’est pas avare en casse-têtes : dans cet opus, pas moins de 17O énigmes nous seront proposées, sans compter les énigmes téléchargeables. Autant dire qu’il va falloir se remuer les méninges afin de toutes les résoudre.
Au pire des cas, il est toujours possible d’avoir des indices, et ce à l’aide des pièces S.O.S. Trouvables un peu partout en touchant le décor à l’aide du stylet, elles nous permettent d’acheter des indices, au cas où on bloque face à une énigme pour le moins corsée. Trois indices standards sont proposés par énigme, auxquels s’ajoute un Indice +, qui révèle quasiment la réponse. Pour ce qui est du prix, un indice standard coûte une pièce S.O.S et, si jamais vous ne trouvez toujours pas la réponse, vous pourrez avoir l’indice + en échange de deux pièces S.O.S. Il faudra cependant faire attention à votre réserve, car cette monnaie n’est pas illimitée…
Pour les plus flemmards du cerveau, ne vous inquiétez pas, il ne vous faudra pas obligatoirement résoudre les 170 énigmes pour pouvoir assister au dénouement du jeu. Cependant, certaines d’entre elles sont obligatoires, afin de faire avancer l’intrigue, que ce soit en ouvrant un passage ou en vous permettant d’obtenir des informations de la part d’une personne. De plus, il arrive que, de temps à autre, il vous faille franchir un seuil d’énigmes résolues afin qu’un PNJ accepte de vous révéler une information ou accède à votre requête. Dans ces conditions, il est clair que les énigmes jouent un rôle central dans l’avancement du jeu. Mais ne vous inquiétez pas, car Akira Tago et son équipe ont su créer des casse-têtes plutôt divertissants et de difficulté variable. Il est intéressant de noter que la difficulté de ces défis ont été vus à la hausse par rapport aux derniers opus, dont la facilité était clairvoyante. Un véritable régal pour les amateurs d’énigmes, qui auront de quoi faire !
D’ailleurs, une fois résolue, une énigme vous offres des « Picarats », sorte de points vous permettant ensuite de débloquer des contenus dans le menu « Extras ». Mais attention car, lorsque vous donnez une réponse erronée, le nombre de picarats diminue. Il ne vous faudra donc pas compter sur votre pifomètre pour y arriver, mais plutôt faire preuve de vivacité d’esprit si vous voulez avoir assez de Picarats pour débloquer le contenu bonus dans sa totalité. Le nombre de Picarats indique aussi la difficulté de l’énigme : plus il y a de Picarats en jeu, plus l’énigme est corsée.
Lorsque l’on demande à une personne quels sont, à ses yeux, les qualités de la saga, il y de grandes chances que, dans sa liste, se trouve la qualité des cinématiques. En effet, l’équipe d’animation a décidé de nous proposer des cinématiques dans lesquelles les personnages ont un look de personnage de dessin animé, hauts en couleur. L’animation est aussi très bien réalisée, que ce soit les comportements des personnages, ou la gestuelle des spectateurs, qui ici ne restent pas de marbre face aux événements. Concernant le doublage, celui-ci est en Français, et ce depuis la Boîte de Pandore. Bien que cela puisse effrayer les puristes de la VO, il faut quand même admettre que les acteurs français donnent ici de la vivacité au texte, et nous offrent un spectacle des plus captivants.
Outre cela, la durée de vie se verra gonflée des trois mini-jeux traditionnels que contient la valise du Professeur Layton. Bien évidemment, avant de pouvoir s’y lancer, il faudra les débloquer, ainsi que débloquer les éléments nécessaires pour leur résolution… en résolvant des énigmes ! Si vous voulez donc terminer à 1OO% les trois mini-jeux, il vous faudra faire bouillir votre matière grise. Comme d’habitude, ces trois petites activités peuvent offrir un petit réconfort après s’être tiré les cheveux à cause d’un casse-tête corsé, bien que votre cerveau soit aussi sollicité pour en venir à bout ! Il arrive d’ailleurs que certaines fois, il vous faille réfléchir pendant un bon moment pour trouver comment venir à bout de l’un des défis des différents mini-jeux. Bref, ces petits à-côtés sont extrêmement sympathiques et permettent de diversifier un peu l’expérience de jeu. Seul bémol : ils ressemblent énormément aux trois mini-jeux du
Destin Perdu, dans le sens où chacun d’entre eux a un « clone » dans l’autre opus. Serait-ce un manque d’imagination de la part de Level-5 ? Bref, de toute façon, ce n’est pas ça qui va diminuer le plaisir !
Une autre quête annexe, qui est d’ailleurs inédite, consiste à retrouver des objets éparpillés dans les moindres recoins de Misthallery. Il vous arrivera, alors que vous êtes en train d’interagir avec les décors à la recherche d’énigmes ou de pièces S.O.S, de voir un objet apparaître à votre écran. Celui-ci sera alors immédiatement répertorié dans la section appropriée se trouvant dans la valise du professeur. De quoi remonter la durée de vie pour les adeptes du 1OO%, qui auront à fouiller les ruelles de Misthallery de fond en comble avant d’arriver à compléter cette collection.
En avant la musique ! On ne peut le nier : l’ambiance sonore joue un rôle majeur dans un jeu vidéo. Bien que ce soit un élément abstrait, il apporte énormément au plaisir du jeu et à l’atmosphère du titre. Celle de Professeur Layton – et ce depuis le 1er opus – se résume en un nom : Tomohito Nishiura. En effet, cet homme a déjà composé les bandes-son des opus sortis jusqu’à présent, et pour l’instant son travail n’a été qu’un enchaînement de succès ! L’univers de Layton nous offre un climat plutôt rustique et ça, il l’a compris, ce qui explique la grande présence de l’accordéon, qui s’harmonise à merveille avec les autres instruments. Le style choisi s’accorde aussi parfaitement à l’ambiance qui se doit de dégager au moment opportun. Un rythme solennel vient donc agrémenter les instants plutôt calmes, tandis que le tempo s’accélère lors de moments plus intenses. Pour illustrer cela, voici deux musiques de ce titre. La première appartient à la 1ère catégorie, et la deuxième à l’autre type.
Peaceful HourRumble !Bref, de ce côté-là, c’est quasiment un sans-faute de la part de Level-5, qui a su prouver à nouveau son savoir dans l’ambiance sonore qui, une fois de plus, est un véritable régal pour les oreilles.
London Life, contenu qui ne mettra pas les pieds en Europe… Pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler, London Life est un contenu bonus, plus précisément une sorte de RPG à la sauce Mother, qui vous donne la possibilité d’incarner un personnage de la saga dans la belle ville de Londres. Ce bonus est présent dans les cartouches américaines et japonaises, cependant l’Europe a été boudée par NoE, qui a jugé que ça prendrait trop de temps pour le localiser. En gros, pour ceux qui attendaient impatiemment de pouvoir s’essayer à ce mini-RPG, il vous faudra soit y renoncer, soit passer par l’import…
Le dénouement de l’histoire…. Ou plutôt du test Pour conclure, on peut dire que cet opus suit très fièrement les traces de ses trois prédécesseurs. Bien que la quantité de nouveauté ne soit pas conséquente, cet opus reprend avec brio ce qui fait le succès de la série, tout en proposant à nouveau des casse-têtes suffisamment corsés, bien que certains ressemblent à ceux proposés dans les précédents titres.
Malgré quelques petits points noirs, comme une durée de vie qui peut paraître molle pour certains, ou encore un London Life qui répond absent pour l’Europe, ce quatrième volet nous conte à nouveau une très belle histoire, et pas n’importe laquelle, puisqu’il est question de la rencontre entre Luke et Layton. Les adeptes de la série seront heureux de retrouver leurs personnages favoris, ainsi que de nouvelles têtes, auxquelles on s’accroche vite.
|Les +|• Des personnages attachants
• Un chara-design réussi
• Des cinématiques très convaincantes
• Une bande-son divine
• Encore plus d’énigmes !
• Un scénario prenant
|Les –|• Une durée de vie limite
• L’absence de London Life dans la version PAL
• Des mini-jeux trop doublons sur ceux du Destin Perdu
Graphismes : 17/2OAlors que, de nos jours, ce sont les graphismes réalistes en HD qui plaisent le plus aux joueurs, Level-5 décide de rester dans son univers fantastique, en nous proposant une patte graphique, avec d’immenses décors en arrière-plan et des PNJ coquets. Malgré le retard graphique de la DS, le résultat en est pour le moins plaisant, et on se surprend à admirer les décors, tandis que l’on part à la cueillette des pièces S.O.S.
Jouabilité : 17.5/2OPour les personnes réticentes à l’idée d’avoir à utiliser le stylet en main, passez votre chemin, car ce sera votre compagnon pendant toutes vos heures de jeu ! Malgré la présence de boutons sur la console, les développeurs ont préféré mettre à leur profit le gameplay tactile de la DS, que ce soit pour résoudre les énigmes, interagir avec les personnages, ou encore accomplir les mini-jeux. Ceci permet de rendre le titre plus maniable, et de proposer différents type d’énigmes, afin qu’il n’y ait pas un sentiment de lassitude qui naisse chez les joueurs.
Scénario : 18/2OLe point central de la saga étant quand même le scénario, il faut que celui-ci tienne en haleine le joueur durant toute l’intrigue. Heureusement, les scénaristes ont le don de faire planer le suspense dès le début de l’aventure, avec entre autre l’arrivée d’une lettre pour le moins énigmatique. Le nombre de mystères présents s’accroît au fil de l’aventure, et chacun d’eux finit par trouver une réponse le long de l’enquête. Bien que certains éléments puissent paraître tout à fait loufoques lors des explications, on accroche aisément à l’histoire, qui nous permet de rencontrer des personnages, ainsi que leurs histoires.
Durée de vie : 15/2OLe gros point noir du jeu, voire même de la série. Tout comme les autres jeux de réflexion, la quête principale se boucle au bout d’une dizaine d’heures, alors que l’on souhaite justement que ça dure bien plus longtemps. Bien sûr, le jeu n’en est pas fini pour autant, vu qu’il reste les mini-jeux à terminer, les énigmes à résoudre et les objets de collection à retrouver. Mais bon, il est vrai qu’une aventure durant plus longtemps serait encore plus palpitante.
Bande-son : 19/2OL'un des plus gros points forts du titre – que dis-je, de la saga – est sa bande-son pour le moins miraculeuse. Le compositeur attitré, Tomohito Nishiura, a choisi de nous proposer en grande partie des mélodies rustiques durant notre périple, qui sont entre autre marquées par la présence d’accordéon. Et le résultat est pour moins excellent : On se surprend à fredonner certaines pistes, qui restent facilement ancrées à l’esprit. De ce côté-là, il n’y a rien à dire, le résultat est époustouflant !
Note finale : 18/2OPour la quatrième fois, le professeur Layton a su nous offrir une aventure digne d’éloges. Celle-ci permet entre autre de placer les bases de la série, en nous donnant plus d’informations concernant les personnages que l’on va suivre durant cette deuxième trilogie. Et le résultat est tel que l’on a hâte de voir comment va se poursuivre leurs périples au sein de cet univers. Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre une longue année, avant de pouvoir poser les mains sur
le Masque des Miracles…