Il fallait avoir beaucoup de cran pour oser s’attaquer au développement d’une adaptation vidéoludique de l’un des plus grands films du cinéma américain. C'est ce qu'a entrepris en tout cas Radical Entertainement avec Scarface : The World is Yours. Annoncé par la foule comme une pâle copie de la série GTA, le titre est d’abord sorti sur PlaySation 2, PC et Xbox dans une version des plus satisfaisantes pour finalement débarquer sur Wii. La wiimote pourra-t-elle donner de l’intérêt au jeu et faire fidèlement renaître le grand Tony Montana ? Réponse dans le test.
The legend isn't dead ! Montana is back !
Même s’il est clair que Scarface : The World is Yours s’inspire fortement de la série GTA, on ne peut pas nier que cette saga désormais culte s’inspire elle-même du film de Brian De Palma. Ainsi, c’est bel et bien le célèbre Tony Montana, incarné par Al Pacino, qui est la source d’inspiration des titres de Rockstar Games connus de tous. Scarface The World is Yours, quant à lui, débute là où le film prend fin, signifiant ainsi que, selon les scénaristes de Radical Entertainment, le Baron cubain de la drogue n’est pas mort. Ici déjà on aurait peut-être préféré une histoire plus complexe. En effet, Tony Montana a pour but de rebâtir un empire détruit en commençant tout d’abord par restaurer sa propre villa puis en s’emparant des différents quartiers de Miami. Il y a certes, des scénarii plus originaux… Pour y arriver, l’homme au langage courtois doit évidemment gagner l’élément qui sert de fil conducteur au jeu : l’argent.
Dès le début du jeu, Tony commencera par prendre contact avec des anciennes connaissances dans le but de recommencer parfaitement sa nouvelle vie de mafieux. Dès lors, il débutera à Little Havana par vendre de la cocaïne à des petits dealers de rue et amasser les différents billets verts. Ensuite, il devra convaincre des commerçants, après avoir accompli à chaque fois une mission, de lui vendre leur façade. Autrement dit, des points stratégiques pour la vente de grosses fournitures de drogue. En plus de ce type d’activités douteuses, Tony peut s’amuser avec des gangs ennemis présents un peu partout sur la carte. Soit en négociant avec eux, soit en les éliminant radicalement de la manière la plus sanglante possible, chose qui s’avère très bénéfique pour pouvoir après effectuer des livraisons en toute sécurité. Mais attention, un faux pas fera basculer le cubain de l’autre côté et lui fera perdre ainsi tout son argent salement gagné. Pour éviter cela, rien de tel qu’un petit dépôt chez le banquier le plus proche. Malheureusement, ces chacals feront tout ce qui est en leur pouvoir pour en profiter avec des taux des plus importants. Une fois de plus la négociation sera de rigueur. Pour cela, rien de plus simple : une jauge circulaire apparaît, à vous de relâcher le bouton A au bon moment. A noter que ce principe sera repris régulièrement tout au long du jeu, notamment pour baratiner les policiers mais aussi pour faire divers deals.
Do you know who am I ? I’m Tony Montana !
S’ajoutent ensuite des occupations bien plus intéressantes. Tout d’abord il y a les missions principales qui, tout en faisant évoluer l’intrigue, nous font faire la connaissance des différents leaders de Miami tels que Gaspard, Nacho ou encore les Frères Diaz. Des missions qui nous rapprochent du combat final opposant Tony à la cause de sa chute, Sosa. Viennent après les missions secondaires qui permettent à notre héros d’empocher de l’argent tout en gagnant en réputation. Au programme de toutes ces missions : des courses-poursuites, des règlements de compte, des nettoyages de zones, des recherches de fournisseurs, des livraisons ou encore des invitations de gentes demoiselles aux habits osés auxquelles on offre gracieusement une chambre au manoir… Des activités qui peuvent paraître nombreuses mais qui s’avèrent malheureusement la plupart du temps assez répétitives. Et ce n’est pas la police ou les gangs ennemis qui vous faciliteront la tâche. Au contraire, ces derniers viendront vous enquiquiner lorsque vous êtes entrain d’effectuer votre sale boulot (surtout les forces de l’ordre avec leurs courses-poursuites souvent interminables).
Pour éviter ce genre d’altercations parfois des plus oppressantes, pourquoi ne pas leur graisser la patte ? C’est certes râlant mais diablement efficace pour diminuer les jauges de tension gang/police. De quoi vaquer à ses occupations en toute quiétude. Une fois les missions terminées et les billets en poche, deux opportunités s’offrent à vous : racheter des enseignes ou se payer des biens exotiques. Ainsi, il est possible d’investir dans des voitures luxueuses, dans des bateaux hors de prix, mais aussi dans des meubles, décorations et objets uniques pour retaper le manoir. Le catalogue se veut bien fournit puisqu’il est même possible d’engager des hommes de main allant du simple chauffeur au gros bras en passant par l’assassin et le marchand d’armes. Des aides précieuses qui disposent pour la plupart de leurs propres missions. On notera quand même que le chauffeur, en plus d’amener votre voiture là où vous le souhaitez, vous suit comme un chien dans vos péripéties. Une aide précieuse lors des gunfights qui ont tendance à vous dépasser.
F**king Remake !
Faisant parti des nombreux remakes présents dans le line-up de la Wii, Scarface : The World is Yours diffère des autres versions présentes sur d’autres supports par sa jouabilité particulière. La complémentarité Nunchuk-Wiimote fonctionne ici plutôt bien. En effet, les scènes de gunfights deviennent rapidement une véritable partie de plaisir (surtout lorsqu’elles se passent à l’intérieur d’un bâtiment) tellement la visée est confortable. En plus d’être accessibles, ces scènes sont impressionnantes, tant elles sont bourrines et sanglantes. On remarquera aussi la présence d’un système de lock permettant de centraliser ses tirs sur un ennemi en particulier. Aussi, lorsqu’on meut la Wiimote vers l’avant tout en appuyant sur un bouton précis, Tony reproduit des coups de poing qui malheureusement manquent légèrement de panache. En outre, les actions à la tronçonneuse ne sont pas très bien retranscrites. Les scènes concernant les véhicules, bien que très faciles à prendre en main, n’exploitent nullement les capacités gyroscopiques de la Wiimote. En revanche, lorsqu’on agite le Nunchuk lors des fusillades, le cubain commence à balancer des insultes en anglais qui sont bel et bien omniprésentes dans le jeu. Chaque insulte vous fait gagner des cojones, points que l’on emmagasine à chaque action particulière et qui permettent de déclencher le mode furie. Dès lors, la caméra devient rougeâtre et passe en vue subjective, Tony se trouve alors invincible, ses munitions sont illimitées et à chaque ennemi tué, il regagne de la vie. Chose très efficace lorsque la situation va mal. Notons encore que même si le fait de voler des voitures, piloter des bateaux, attaquer des gangs ou encore voyager sur un espace très vaste (quatre quartiers de Miami en plus des îles environnantes) peut procurer une certaine sensation au joueur, un détail pourra tout de même en rebuter quelques uns. En effet, contrairement à GTA, il est impossible d’ôter la vie à des civils innocents. Question de code d’honneur.
Concernant la réalisation, Scarface The World is Yours dispose d’une bande son impressionnante. En effet, les musiques sont diverses et variées. En plus des morceaux issus du film on retrouvera des artistes comme Billy Ocean, Shaggy, Iggy Pop ou encore le rappeur français Rhoff avec son titre « La Résurrection », réalisé spécialement pour le jeu. Graphiquement, le soft possède à la fois de bons atouts comme de moins bons. Autant Al Pacino est très bien modélisé, autant les textures et reproductions de certains éléments du décor le sont nettement moins. Autre point assez gênant, même si la fluidité est de mise, l’aliasing et le clipping restent très présents. Un effort aurait été des bienvenues. Enfin, on ne pouvait pas vous laisser sans parler de la voix de Tony Montana qui, bien que reproduite par une tierce personne autre que Al Pacino, reste très proche de celle du film.
Conclusion
Autant on aurait pu s’attendre à une pâle copie d’un GTA, leader incontesté du genre, autant ici les gars de chez Radical Entertainment ont réussi à nous surprendre. Fidèle à l’univers du film, Scarface : The World is Yours propose au joueur de voyager librement sur les espaces très vastes que sont Miami et ses îles environnantes. Bien que long, le titre contient des missions qui deviennent au bout d'un moment assez répétitives. On notera également que Scarface reste un remake sans nouveauté malgré les quelques fonctions gyroscopiques rendant notamment la visée plus agréable lors des scènes d’action. De plus, on aurait pu espérer que les développeurs résolvent les problèmes d’aliasing et de clipping déjà présents dans les autres versions du jeu, sans parler des textures et autres modélisations qui donnent un certain air de travail bâclé. Enfin, faute de concurrence, Scarface : The World is Yours reste l’un des meilleurs titres actuels du genre sur la console de Nintendo. En attendant un éventuel GTA…
14/20
On a adoré :
+ Tony Montana n'est pas mort !
+ Rebâtir son empire
+ Un univers vaste
+ Sentiment de liberté
+ Durée de vie
+ Visée très confortable
+ Une tracklist excellente
+ Beaucoup d'éléments à acheter
On n'a pas aimé :
- Aliasing et Clipping
- Textures et modélisations peu soignées
- N'apporte pas grand chose de nouveau
- La Wiimote reste laborieuse pour certaines actions
- Un scénario peu inspiré
- Les missions sont souvent répétitives
- Tony ne tue pas les honnêtes citoyens
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